Deuxième journée décisive à la compétition nationale des métiers WorldSkills Marseille 2025 : en maçonnerie, les compétiteurs ont bouclé le logo de l’OM avant d’attaquer la « tour Shanghai » et, en installation électrique, les compétiteurs finissent leurs installations tertiaire et industrielle et espèrent faire partie des six demain pour la dernière épreuve consacrée à la programmation. Chez les tailleurs de pierre, la tension est palpable: à l’issue de la journée, seule la moitié des compétiteurs pourra accéder à l’épreuve finale. Quant aux soliers, ils doivent laisser leur ouvrage dans l’après-midi pour réaliser un « speed module ».
En maçonnerie, douze compétiteurs disposent de 18 heures pour réaliser deux modules : d’abord le logo de l’OM, clin d’œil à Marseille, puis la tour de Shanghai » en référence à l’édition mondiale 2026. À partir des plans (3D et plan coté), ils tracent un panneau d’épure, reportent arrondis et angles sur les briques, découpent, repositionnent à blanc, puis maçonnent l’ouvrage. La notation valorise la précision au millimètre, l’organisation du poste et l’économie de gestes. Cette deuxième journée est un tournant : finir le premier module en fin de matinée et lancer le second en début d’après-midi, avec la fatigue qui s’accumule.
« Les sujets sont complexes et c’est dur physiquement : il y beaucoup de briques et de découpes à réaliser, confie Antonin Mareau, compétiteur des Pays de la Loire. Être là, devant le public, c’est un vrai plaisir d’être encouragé et de montrer notre métier. Je veux montrer qu’on sait travailler avec finesse et faire de belles réalisations ».
En installation électrique, douze compétiteurs doivent câbler à la fois une installation tertiaire (portant sur centralisation de télérupteurs (un bouton allume, un autre éteint l’ensemble des lampes) et une installation industrielle (démarrage d’un moteur à deux sens de rotation servant par exemple pour un rideau de garage). Les six meilleurs poursuivront l’aventure demain matin avec deux épreuves de programmation LOGO et KNX.
En taille de pierre, « Cette année, nous nous sommes éloignés de l’académisme avec ce meuble d’entrée en pierre, c’est déstabilisant pour les compétiteurs, mais l’épreuve valorise un aspect important de notre métier : la création. » Expert adjoint chez les tailleurs de pierre, Joseph Jouenne a conçu un ouvrage unique et complexe pour la compétition, qui met en avant un aspect peu connu du métier : la conception sur mesure pour les particuliers.
Si, comme Léo Peter, ancien compétiteur aujourd’hui team leader, certains tailleurs de pierre peuvent s’enorgueillir de participer à des chantiers aussi prestigieux que celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le métier offre des perspectives professionnelles très larges. « Nous travaillons avec une grande diversité de pierres, sur des chantiers très variés : des monuments historiques, mais aussi des écoles, des mairies etc. », confie Léo Peter, qui ajoute : « notre métier, ancestral, évolue avec les nouvelles technologies. » Ainsi, sur le stand, les visiteurs peuvent découvrir l’impressionnante machine numérique qui prépare les ébauches, la « base » de l’ouvrage. « L’épreuve montre les deux aspects de notre métier : la conception en 2D ou 3D, sur ordinateur, puis la taille de pierre, à la main », explique Joseph Jouenne, qui se félicite : « le numérique nous aide, mais il ne remplace pas notre savoir-faire de tailleur de pierre ! »
Chez les soliers, il est aussi question de précision du geste ! L’épreuve, très complexe, fait appel à la maîtrise de deux matériaux très différents : le linoléum – le « vrai », naturel à 97 % – et la moquette. Pour réaliser l’ouvrage, un beau paysage marseillais, les compétiteurs doivent faire la démonstration d’une précision au millimètre, pour les découpes au cutter ou au trusquin. « De la véritable marqueterie ! », résume Damien Hallepée, l’expert.
« Pour l’étape de lecture du plan et de dessin, hier, comme pour la découpe, les soliers n’ont pas le droit à l’erreur », ajoute Philippe Tricaud, jury. Autre qualité requise : la persévérance ! « Sur la compétition, nous avons des profils typiques de soliers : des gens très organisés, avec un fort caractère ! », confie Damien Hallepée. Il ajoute : : « sur un chantier, le solier n’a pas le droit à l’erreur et s’impose face aux autres corps de métier, pour que tout le monde sorte de la pièce ! » Profils rares, et donc très recherchés, les soliers ne sont pas prêts à se laisser marcher dessus !