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Un duo de choc pour qui le partage d’expériences est central

 

Pour se lancer dans une course comme la Transat Jacques Vabre, il faut des mois de préparation. Voire des années. Aujourd’hui, les skippers du Captain Alternance sont fin prêts. Rencontre avec Kéni Piperol, 27 ans, skipper et Thomas Jourdren, 23 ans, co-skipper et préparateur technique du bateau, qui partagent les valeurs d’engagement et de transmission des savoirs, chères à leurs sponsors.

 

 

Kéni, pour vous, la préparation a commencé avant même la création du bateau. Une expérience originale dans le monde de la navigation ?

K. P. Trop souvent, les skippers arrivent quand le bateau est déjà construit. Il a même pu être racheté et racheté encore ! Avec Captain Alternance, j’ai pu participer de A à Z au projet lorsque je rejoins la team Lalou Multi, aujourd’hui Neo Sailing Technologies (NST). Au départ, il y avait tout à faire : pas de bateau, pas d’architecte, pas de partenaires ! Et on était en plein Covid. J’ai un peu posé le ciré pendant un an et demi. Cela n’a pas été simple. Mais je me suis vraiment donné corps et âme pour « apprendre » le composite, pour gérer un projet sportif et découvrir comment travailler en équipe. Après, il y a eu la Route du Rhum, en solitaire, où j’ai eu de gros problèmes, mais que je suis fier d’avoir terminée, malgré l’arrêt forcé à La Corogne pour réparer. Une préparation au long court donc, mais une expérience unique.

Thomas, comment trouver sa place dans ce couple fusionnel que forment Kéni et son bateau ?

T. J. : Le bateau, en tant que préparateur technique du bateau depuis sa lise à l’eau, je le connais comme ma poche. Après la Route du Rhum, Kéni me propose de devenir co-skipper pour le programme de course en tandem de cette année… Depuis, nous nous préparons de la meilleure façon : en enchaînant les courses !

Alors que la moyenne d’âge des skippers de la Transat Jacques Vabre est de 40 ans, vous faites figure de Petit Poucet avec vos 23 et 27 ans. Pourtant, l’expérience ne vous manque pas…

K. P. : En étant dans une « petite » structure comme NST, nous avons appris à vitesse grand V. D’ailleurs, Lalou* privilégie l’échange et la transmission. C’est la meilleure des méthodes. Avant la Route du Rhum, il m’avait même fait simuler une séquence de navigation en ayant un bras coupé ! Et de mon côté, j’essaie aussi de transmettre à Thomas un certain nombre de choses que j’ai apprises lors de mes expériences passées.

T. J. : On travaille aussi sur le mental, avec de la sophrologie par exemple. Cela nous a permis de déverrouiller certains nœuds personnels. Et cela nous permet de débloquer des situations en mer. Mais le principal, c’est de bien s’entendre sur le bateau, ce qui doit se vivre en réel pour voir si les personnalités sont compatibles. Les courses, comme Les Sables d’Olonne-Horta cet été, nous ont montré que notre tandem fonctionnait bien. Nous sommes très complémentaires et c’est ce qui compte.

Parlons de ces courses qui ont précédé la transat. C’étaient des sortes de répétitions grandeur nature ?

K. P. : Il y a déjà eu plusieurs courses d’avant-saison qui nous ont servi d’entraînement. Il s’agit pour nous de répéter nos gammes et de nous préparer pour le jour J. Enfin, on s’est mis vraiment en mode course avec l’objectif final qui restait la Jacques Vabre.

T. J. : Cette année, tous les deux, ensemble, on a fait la Normandie Channel Race, qui part de Caen et qui y revient. Nous sommes allés en Angleterre, en Irlande, repassés en Angleterre et retour à Caen. C’est une course de cinq jours. Et une deuxième en juillet dernier, plus longue, en partant des Sables d’Olonne et en allant aux Açores, à Horta. On a passé une semaine sur place avant de faire la course retour. Pour nous deux, c’était important de cocher cette case. Au total, cela représente quasiment l’équivalent d’une demi-transat.

Et les derniers réglages ?

T. J. : On les a faits fin septembre avec la dernière course : la 40’ Malouine LAMOTTE, à Saint-Malo. Deux courses en une : une première de 24 heures et, ensuite, des parcours à la journée. Elle est toujours organisée juste avant la Jacques Vabre, tous les deux ans et est dédiée aux Class 40 comme Captain Alternance. Là, on peut faire tous les derniers réglages.

K. P. : Naviguer ensemble représente la seule réelle préparation pour nous. Dans un premier temps, il a fallu que nous soyons sûrs que ça fonctionne entre nous. C’est essentiel lorsqu’on cohabite toute la journée sur un bateau, qui reste un espace restreint de 12 mètres sur 4,5 ! Nous nous sommes rapidement rendu compte que les choses se passaient bien. Ensuite, il faut avoir les bons réflexes, savoir quel est le domaine réservé de chacun. Nous sommes prêts !

* Lalou Roucayrol, fondateur de Lalou Multi, avec qui Kéni a construit son bateau.