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Trente-six heures de navigation musclée entre Le Havre et Lorient

Mardi 31 octobre à 05h02, le Class40 Captain Alternance a franchi la ligne d’arrivée de l’étape de ralliement de la Transat Jacques Vabre au terme de trente-six heures d’une navigation particulièrement musclée. Retour sur cette première étape particulièrement mouvementée entre Le Havre et Lorient.

Victimes de soucis à bord, Kéni Piperol et Thomas Jourdren ont tout donné pour boucler ce parcours entre Le Havre et Lorient. A leur arrivée sur les pontons de la Base des sous-marins mardi matin au petit matin, les deux skippers ont relaté les moments marquants de cette première étape.

« Je n’avais jamais navigué dans ces conditions-là »

Avec 35 nœuds de vent établis sur la ligne de départ de la Transat Jacques Vabre, dès la sortie du port, l’équipage du Class40 Captain Alternance a préféré jouer la prudence : « Nous avions pris un ris* dans la grand-voile dans le chenal et avons décidé de réduire encore davantage à 2 ris pour être sage. » explique Kéni. « Nous n’avons pas pris un excellent départ mais cela nous a ainsi évité d’être au contact rapproché des autres bateaux au passage de la bouée spectacle. Il y avait beaucoup de vent, de mer et de courant et ce n’était pas une manœuvre facile. Nous avons d’ailleurs assisté à plusieurs accrochages entre des concurrents. »

Après un bord de près et un début de nuit sous gennaker**, le binôme de Captain Alternance commençait à trouver son rythme lorsque le vent est subitement rentré, comme le décrit Thomas. « C’était très rafaleux et je n’avais jamais navigué dans ces conditions-là. Le bateau tapait dans chaque vague et les chocs étaient vraiment violents. On s’est pris une énorme vague juste avant le Raz Blanchard et notre hook de J2*** a cassé. Nous avons tant bien que mal récupéré la voile dans l’eau mais avons fait 6 miles nautiques à 90° de la route le temps de hisser le J3, plus petite voile qui nous a fait perdre du terrain sur nos concurrents. »

300 litres d’eau dans le bateau

Les chocs à répétition dans le bateau ont également eu raison d’une stratification au niveau de la cloison d’un ballast, entrainant une fuite majeure dans le bateau. « Une fois que le J3 était hissé, je suis retourné dans le bateau et c’est là que j’ai constaté cette fuite. Nous avons mis les pompes en marche et terminé d’écoper au seau » explique Kéni. « Le problème est que l’eau bougeait énormément à l’intérieur, et ces vagues engendrées par les mouvements du bateau ont fini par mouiller l’électronique du bord. » Privés de moyens de communication, les deux skippers ont décidé de dévier de leur trajectoire pour se rapprocher des côtes et capter la 4G avec leur téléphone afin de prévenir leur équipe à terre.

Un futur incertain

Avec l’arrivée de plusieurs dépressions sur l’Atlantique, les concurrents engagés sur la Transat Jacques Vabre 2023 sont dans la plus grande incertitude concernant un deuxième départ en direction de la Martinique. « Nous allons nous poser un peu aujourd’hui et dès demain, place aux réparations, afin d’être parés dès que la date du départ de seconde étape sera annoncée. Pour le moment, nous n’avons aucune idée de quand on pourra repartir avec ce train de dépression, certainement pas avant ce week-end ou la semaine prochaine. »

* La prise de ris consiste à réduire la surface d’une voile en la repliant en partie : l’objectif est d’adapter la surface de la voilure à la force du vent lorsque celui-ci forcit.
**Sur un voilier, le gennaker est une voile d’avant intermédiaire.
***Pièce qui tient la voile d’avant

Crédit photos © Vincent Olivaud